Min Soo courait, comme tout les matins. C’était toujours le même parcourt. Pas qu’il aime la routine, mais surtout que quand quelque chose fonctionne, pourquoi chercher à le modifier ? Réveil, café, course, café, douche, voiture. Simple comme schéma, n’est-ce pas ? En arrivant à sa voiture, il s’arrête un instant, choisissant la clé à utiliser. Du bout du pouce, il effleure la clé désormais inutile sur le trousse, et ce à jamais.

Peu de gens savent la signification qu’à cette clé pour Min Soo. S’ils le savaient, peut-être comprendraient-ils mieux le comportement de cet homme. Mais jamais il ne laisserait quelqu’un l’approcher suffisamment pour en arriver là. Déjà, il faudrait être doué pour constater que cette clé ne correspond à aucune porte, à aucun coffre, à aucune voiture, à aucun cadenas.
Il n’en a pas toujours était ainsi bien sûr. Cette clé date d’une autre époque. L’époque du premier Min Soo.

Min Soo à toujours voulu étudier le droit. Pour lui, il était important que quelqu’un est un autre être humain sur qui compter si jamais tout basculait. Il voulait croire qu’il y aurait toujours une raison pour défendre un homme ou une femme, qu’importe ses péchés. Il y avait toujours des raisons aux choses. Trop optimiste ? Sans doute, mais il voulait y croire. Ses parents ne l’ont pas beaucoup encourager à aller dans cette voie. Possédant une entreprise familiale, ils souhaitaient toute deux qu’il reprenne les affaires en compagnie de son frère aîné plus tard. Mais hériter de cette fortune ne l’intéressait pas. Il parvient finalement à se faire comprendre clairement et obtient l’autorisation de finir ses études.

Mise à part ce côté rêveur, Min Soo était quelqu’un de très droit surtout en prenant en compte le fait qu’il venait pourtant d’un milieu très favorisé et où rien ne lui avait jamais était refusé. Galant, patient, souriant, passionné, oui il était tout ça. Personne aujourd’hui ne vous croira, mais si, il l’a pourtant été. Fidèle, il était toujours là pour ses proches et bien que s’exprimant avec sincérité, il le faisait avec douceur et délicatesse.
Doué et intelligent, il parvient à finir en avance les études d’avocats, entrant dans la profession à seulement vingt-deux ans.

Tout lui souriait. Oui il est de ces gens à qui tout va. Beau physique, adroit, c’est sans difficulté qu’il gagna le cœur de plusieurs filles. Mais rapidement, il eut besoin de stabilité, se fixant auprès de Jeong. Fine, jolie, souriante, il l’aimait vraiment. Elle n’était pas très douée, mais il se sentait bien à ses côtés et ne lui demandait rien d’autre. Combien de temps dura leur histoire ? Quatre années, quatre merveilleuses années.
C’est naturellement qu’il la demanda en mariage, le jour de ses vingt-quatre ans. Elle accepta, faisant de lui l’homme le plus heureuse de ce bas monde. Les affaires fonctionnaient, il aimait toujours autant son travail. Il prenait plaisir à relever les défis, à défendre ce qu’il croyait juste. L’argent, le moyen de la défense ? Ce n’était rien, rien de plus que de simple défit.

Mais vous pensiez sérieusement pas que tout pouvait être aussi beau, non ? Min Soo si, sombre fou. En réalité, tout n’est que camouflage dans ce monde. La mémoire est un désavantage, ce que vous voyez n’est peut-être pas la réalité et cette réalité peut disparaître. Il ne suffit que d’un claquement de doigt.
Dans le cas de Min Soo, ce fut un appel qui permit à la première pierre de dévaler la pente, entraînant bientôt toute la montagne dans sa chute. Jeong et son frère aîné avaient eu un accident de voiture. Tout les deux. Morts sur le coup, du moins c’est ce qu’on lui a dis, mais n’est-ce pas ce qu’on dit toujours, pour rassurer les proches ?
Seulement, Jeong ne connaissait à peine le frère de Min Soo, alors pourquoi étaient-ils en voiture ensemble ? Et pourquoi Jeong n’était-elle pas en voyage d’affaire au Japon ? N’avait-elle pas dis qu’elle serait absente toute la semaine pour cela ?
Et doucement, les rouages s’engrangèrent, les uns après les autres. La bague que Jeong portait au petit doigt gauche s’avéra être une bague jumelle à celle du pouce gauche de son frère. Et ironiquement assortie à la bague de fiançailles que Jeong et Min Soo partaient. Aucun voyage au Japon n’avait jamais eut lieu, ni celui-ci, ni les précédents. Et peu à peu, la vérité sur ces dernières années prit un nouveau visage. Les vêtements et affaires de toilettes retrouvées chez son défunt frère finir de lisser la vérité. Depuis combien de temps ? Il ne le saurait jamais et ne voulait pas le savoir. Son frère ne pouvait ignorer qu’il s’agissait de sa petite amie et future fiancée, cela faisait des années qu’il l’avait présenté officiellement en tant que telle à la famille et chaque semaine elle était présente à ses côtés lors des dîners familiaux.
Supercheries, mensonges… Il aurait sûrement pu les accepter si seulement il avait pu y mettre un sens. Mais il n’en trouvait aucun. Il n’y avait personne à Balmer, à accuser ou à défendre ; les seuls êtres qui auraient puent lui donner une réponse étaient allongés sur des lits, d’une couleur cadavérique. Les seuls personnes qui auraient pu apaiser son mal-être face à cette situation n’était ni plus ni moins que les responsables de cette triste blague.
Cette nouvelle vertigineuse, comment aurait-il pu y faire face ? Il fini par comprendre que tout cela n’était qu’une question de dignité. Du moins, il s’en persuada. Il se persuada qu’il n’y avait aucun confiance à briser puisque confiance il n’y avait pas. Rien de tout cela n’avait été.

Après un mois d’enfermement dans son appartement, Min Soo fini par annoncer qu’il quittait son travail d’avocat. Il n’y avait personne à défendre. Car il n’y a jamais assez de bonne raison pour protéger quelqu’un de coupable. Et personne n’est jamais innocent. C’était sa façon à lui de pactiser, de se donner un nouveau style de vie. Non, plus jamais il ne devait éprouver l’envie de protéger quelqu’un et de tout lui donner. Et plus important encore, personne ne devrait savoir qui il pouvait être en réalité.

Ce Min Soo d’avant n’était qu’un imbécile. Ni plus, ni moins. Min Soo sourit, froidement, et fit tourner autour de son doigt la clé inutile. Les trois anneaux s'entrechoquèrent, sans doute violemment, tintant dans le silence matinal. La clé d'une voiture désormais à six pied sous terre, tout comme ces derniers occupants.

Toujours doué pour se représenter lui même, l’ex avocat obtient facilement un boulot dans la musique. Oui, même d’un point de vu artistique il se débrouillait très bien. Cuisine, musique, dessin, rien de tout cela n’était bien compliqué pour lui. Défendant avec férocité sa pseudo nouvelle ambition, il fut promu Directeur Artistique à l’âge de vingt cinq ans.
Il gère désormais tout ce qui est spot publicitaires, clips, publicité des artistes musicaux de son agence. Il coordonne un peu tout le monde, les techniciens, les compositeurs, les interprètes… C’est lui qui donne la direction à suivre et qui s’assure que tout suit bien son cours.

Son caractère à nettement changé. Froid et arrogeant, beaucoup pense qu’il ne se prend vraiment pas pour de la merde. C’est pas faux. Min Soo sait ce qu’il vaut et le fait bien comprendre. Manquant de délicatesse, c’est certain également. Même si cet aspect bourru est pleinement maîtrisé, il n’en est pas moins blessant. Mais qui voudrait approcher quelqu’un de blessant ? Attention, il reste pourtant professionnel et droit. Ce qui est blanc et blanc, ce qui est noir et noir et il faut appeler un chat un chat. Si votre travail est correct et satisfaisant, il vous le dira. Mais si ce n’est pas le cas, soyez certain que vous le comprendrez très vite. Cynique également, c’est un fait, pour ne pas dire méchant par moment. Il suit son propre code. Droit, il annonce toujours la couleur à l’avance. Ainsi, il n’hésitera pas à vous dire cela « Si tu veux quelqu'un de sérieux, délicat et qui restera avec toi après cette nuit, pars. Sinon, reste. Ne te fais pas de film, je ne suis pas le prince que tu attends, je ne te garderais pas auprès de moi, je ne te secouerais pas. C’est juste comme ça, sans aucune contrepartie ni aucune attente futur. Si tu ne peux pas agir ainsi, dis le maintenant, après il sera trop tard. »



Malgré tout, Min Soo n’est pas un monstre. Oui, il interviendra si une situation tourne mal, défendant une personne s’il estime que c’est nécessaire. Oui, il peu laisser tomber son cynisme pour lancer une phrase de réconfort cachée derrière un air renfrogné. Et même si il se l’interdit d’y pensé, il ment quand il dit qu’il ne veux pas s’engager, qu’il ne faut rien attendre de lui. En réalité, il faudra parvenir à passer outre cet aspect froid, arrogant et blessant, car caché derrière se trouve le tout premier Min Soo, l’avocat attentionné et délicat. Il est juste enveloppé par le rassurant et protecteur Directeur Artistique. Plus facile à vivre, plus sécurisant, moins risqué.




Aujourd’hui, si on regarde bien, accroché à cette clé sans aucune correspondance, trois anneaux pendent tristement, symbole de ce qui semblait être, de ce qui était en réalité, de ce qui aurait pu être et de ce qui n’est aujourd’hui plus…