« Chers passagers, nous vous remercions d’avoir choisi notre compagnie pour votre voyage. Vous pouvez désormais détacher votre ceinture et vous diriger vers les portes de sortie de l’appareil. Le commandant et le personnel de la compagnie, vous souhaite un bon séjour à Séoul. »

J’enlève l’oreillette de mon mp3 lorsque l’hôtesse de l’air fini son discours. Comme la plupart des passagers, je détache ma ceinture mais reste assise, attendant patiemment que la plupart des passagers de l’appareil soient sortis. J’en profite pour apposer ma tête sur le siège en fermant mes yeux. Me voici de nouveau à Séoul après plus de six ans d’absence, je me demande si beaucoup de choses ont changés…Enfin qu’ils aient changés ou pas, rien ne changera le fait que c’est désormais ici que je vivrais. Fini le rues animées de New York, la ville folle. Fini Broadway et ses centaines de comédies musicales, fini pour toujours. Je ne pense pas que je retournerai là bas, trop de chose me rappelle tout simplement le temps passé avec lui. Je sens une boule se former au creux de mon estomac tandis que le flot de mes sentiments refait des siennes. Mon cœur est en mil morceaux, tout ça à cause de lui. Que j’aimerai pouvoir le tuer si seulement c’était possible. Lui arracher les yeux pour le lui faire manger. Je me demande encore pourquoi je ne l’ai pas fais quand j’en ai eu l’occasion. Je soupire totalement secouée par les émotions qui traversent mon esprit. Qu’il aille au diable et qu’il disparaisse de ma vie tout simplement. Je ne souhaite plus le revoir. Je ne reviens pas qu’un mufle tel que lui puisse exister. Et pourtant ce mufle je l’ai aimé et l’aime encore sinon pourquoi est ce que je garderai cet anneau, cette fameuse bague de fiançailles. Remarquant que l’avion est désormais pratiquement vide, je prends mon sac et quitte l’appareil sans un regard pour les hôtesses de l’air. L’amabilité et le respect ? Je l’ai simplement laissé aux États-Unis lorsque j’ai découvert que l’être humain n’était qu’une espèce qui cherchait que le profit et qui se montrait bien hypocrite et peu sincère envers ses semblables. Finalement on peut dire que ma vie à New York m’a apprit au moins une chose : me méfier de l’eau qui dort. Personne n’est réellement blanc, tout n’est question de savoir si oui ou non on est assez fin pour manipuler son monde. Et ça, oh oui il était fort à ce jeu, ce petit con. Je serre les poings alors que je suis désormais au terminal attrapant au vol mes affaires : mon sac et ma guitare que je ne quitte jamais. Normalement oppa doit venir me chercher et je le vois à quelques mètres dans la foule de monde qui s’est regroupée pour retrouver des proches. Il me lance un léger coucou pour signifier sa présence et me lance un sourire plus qu’heureux. J’ai envie de sourire également si j’en avais vraiment la force mais au lieu de ça, mon sourire reste maitrisé et bien froid comparé au sien. Il semble d’ailleurs le remarquer, que je ne suis plus la même. J’ai grandi, fini les cheveux longs, je les ai définitivement coupé ce jour là en décidant que plus jamais je serai du genre mignonne et gentille. Le genre de fille qu’on peut facilement bernée et utiliser les talents uniquement avec des faux semblant. Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai pu être assez idiote pour croire qu’il puisse m’aimer. Mon frère me prends dans ses bras et j’aurai tendance à me laisser aller à cet élan de tendresse mais je ne bouge pas, ne l’enlace pas également. Pourtant j’aimerai lui montrer la fille souriante, tendre et terriblement attachante que j’étais plus jeune. J’étais une vraie pile d’énergie à courir à droite et à gauche, le sourire toujours aux lèvres et ayant le contact facile. A l’époque j’étais si naïve. Maintenant je déteste celle que j’étais. Si elle n’avait pas été si naïve peut être qu’elle ne souffrirait pas tant de cette trahison. Il ne dit rien sur ma réaction si peu réactive et prend mon bagage dans ses bras. Il m’informe que les déménageurs ont déménagés mes affaires et que normalement tout est en place. J’acquiesce de la tête tandis que je prends place dans sa voiture toujours mué dans mon silence. Personne ici ne sait ce qu’il s’est passé, en bonne coréenne que je suis, j’ai évité de parler de ma relation avec un homme. A vrai dire mon père aurait surement exigé que je me marie immédiatement. Je regarde alors ma bague qui se trouve à mon auriculaire gauche. Et dire que tout marchait sur des roulettes, il y a à peine deux mois. Ma vie était parfaite, mais il avait suffit qu’il fasse ça pour tout détruire. Finalement le fait d’être un génie ne m’avait pas apporté que du bonheur…enfin si je mentirais.

J’avais atteins mon rêve, à l’âge de vingt quatre ans j’avais composé pour la plupart des groupes populaires aux Etats-Unis, j’étais admirée et respectée. Je raflais pratiquement tout les prix et côté cœur j’étais totalement épanouie bien que notre relation devait rester secrète. Pour avoir gardé le secret, on peut dire que j’étais une experte surtout lorsque j’ai assisté à cette scène. Mon petit ami était le leader d’un groupe de rock très connu qui faisait fantasmer toutes les filles et moi également. Amical, souriant, tendre et surtout protecteur, on peut dire que c’est le petit ami idéal pour toutes les filles. Il fut mon premier dans tous les domaines : premier baiser, première fois, première fiançailles. Oui j’étais même fiancée à lui. Lorsqu’il m’avait fait sa demande ce soir là, j’étais tellement aux anges que j’avais composée une chanson uniquement pour lui, mettant à nu entièrement mes sentiments face à lui. Une chanson des plus embarrassante car totalement différente des styles que j’avais l’habitude de faire. Cette chanson devait être NOTRE chanson ou à défaut MA chanson. Donc vous pouvez imaginez sans trop de mal qu’elle fut ma réaction lorsque je l’ai vu être interprétée par une fille un mois plus tard. Il était en tournée et comme d’habitude il était indisponible tout le temps, rien de bien étrange à d’habitude mais j’étais folle de rage. Cette chanson que cette salope chantait à tue tête était ma chanson, une chanson dont je ne retrouvais pas la partition et pourtant j’avais mis sans dessus dessous tout mon appartement dans l’espoir de la retrouver. J’étais totalement dingue, j’ai demandé des explications au producteur de cette pouffiasse qui chantait une chanson qui m’appartenait. Et c’est à ce moment là que la bombe s’est abattue sur moi.

« C’est Lucas qui lui a offert pour officialiser ses fiançailles avec elle. T’es sur que c’est la tienne, Kyu Rim ? »

Il osait me demander si je ne me trompais pas ? En fait à ce moment là, une seule chose était restée ancré dans mon esprit, il était fiancé à cette pouffiasse. Sans lui répondre j’avais raccroché mon téléphone et m’était jeté sur la guitare de Lucas, mon désormais ex-fiancé et petit ami. Je l’ai détruite totalement, j’ai déchiré tous ses T-shirts, ses jeans et les aient brulés. J’avais beau être en larmes, j’étais totalement furieuse d’avoir été aussi idiote. Bien sur que pour lui j’étais la poule d’or, j’avais composée la plupart de ses morceaux à succès qu’ils étaient officiellement de lui. Quand on dit que l’amour était aveugle, j’en étais une preuve parfaite. Bien sur je ne me suis pas gênée d’aller à sa rencontre, bien trop enragée pour faire autrement. Il ne savait pas ce que pouvait faire une coréenne qui avait été prise pour une conne. Je me suis rendue à son studio, réclamant à voir son manager auquel j’ai dis toute la vérité et lui ai remis une copie de mes originaux. Puisque monsieur m’utilisait et n’avait jamais eu de sentiment pour moi, il pouvait comprendre que je reprenne mes droits sur MES morceaux. Bien sur quand il a apprit ça il est revenu comme un bon toutou auprès de sa maitresse. Il m’a suppliait de le pardonner, protestant que ses producteurs commençaient à lui mettre la pression s’ils ne composaient pas de morceaux pour la nouvelle – cette fameuse salope -, il avait l’air tellement sincère que j’ai failli céder. Oui en fait j’ai cédé. J’étais tellement amoureuse de lui que j’étais prête à mettre ma fierté de côté. Il m’avait promit de rompre ses fiançailles et qu’il était fou de moi. Je l’ai encore cru comme une conne. Il m’a même invité à la soirée organisée pour la sortie de leur tout nouvel album. C’est ce jour là qu’il annonça son mariage avec elle. Si vous saviez comme j’ai cru devenir folle, mon corps entier était pris de tremblement et je n’avais qu’une envie lui sauter à la gorge pour l’étriper. Mais les scandales, j’avais toujours eu tendance à les éviter et je ne risquais pas de donner une occasion à quiconque de pouvoir dire que j’avais un quelconque lien avec lui. Plutôt crever que ça. Je me suis sentie pour la première fois de ma vie totalement pathétique. J’ai fais bonne figure toute la soirée alors que je n’avais qu’une envie de pleurer. Mon cœur était en mil morceaux et l’anneau qui est toujours à mon doigt me donnait l’impression de marquer à vif ma peau.

C’est ce soir là que j’ai pris la décision de tout quitter pour rentrer. Rester ici et faire comme si de rien n’était, c’était trop me demander. En faisant cela j’ai surpris tout le monde, et tant mieux. J’ai décidé de me concentrer sur les propositions des maisons de disques de mon pays. L’Amérique a été le terrain de mes premiers pas et surtout de mes premières déceptions du show-biz. Je me suis fais prendre pour une conne et ça sera l’unique fois de ma vie, vous pouvez en être certain. Désormais je n’ai qu’un objectif en tête, faire de la Corée mon terrain de jeu. Celui ou je serai en tête de tous les charts alors que je prendrais plaisir à voir la chute lente et douloureuse de Lucas. Tu as voulu te foudre de ma gueule mon chéri, désormais à ton tour de souffrir et je compte bien prendre du plaisir à te voir venir me supplier à genoux de te composer des morceaux…Non ça serait te faire trop d’honneur. Disons que je veux que tu disparaisses complètement de mon esprit et lorsque ce jour arrivera je pourrais sans regret jeter cet anneau, le symbole d’un amour totalement faux.

« Tu as changé ! » Me lance alors mon frère tandis que nous nous sommes mués dans le silence depuis le début du trajet.

« On va dire que j’ai pris de la jugeote, t’inquiète pas oppa. » répondis-je du tac au tac.

Avant je faisais tout pour rester aimable et courtoise maintenant que tout le monde aille au diable ! En fait je réfléchis même plus à mes actes, si ce que je dis peine tant pis et si ça fait rire tant mieux. Il ne faut plus compter sur moi pour me montrer gentille. Si les gens me considèrent comme un démon ou une fille froide et cruelle, ils n’auront pas tort. Je suis bien résigner à changer et ne plus être la pauvre fille qui s’est faite bernée par un pauvre con. Adieu mon innocence et bonjour à la cruelle et froide Kyu Rim, pour vous servir, madame, monsieur.

Arrivé devant mon immeuble, il me donne mes clés et m’indique le numéro de l’appartement. Je lui souris tout simplement sans y mettre plus d’émotion et le remercier d’être venu me chercher. Il me demande de passer à la maison un de ses jours, une chose à laquelle je ne pourrais pas échapper et je rentre dans l’immeuble en question.

Ma nouvelle vie est désormais sur le point de commencer, adviendra ce qui adviendra ! Après tout œil pour œil et dent pour dent…ça serait un peu ma nouvelle devise dans la vie. Bien sur il y a aussi un autre dicton qui dit : chassez le naturel et il revient au galop. Peut être que ma haine envers mon présent passé va s’atténuer et que je parviendrais à redevenir l’ancienne Kyu Rim mais ça le temps nous le dira bien.